LES ÉTUDIANTS AURAIENT-ILS PLUS DE RESPONSABILITÉS QUE NOS POLITICIENS
Les guindailles des étudiants ont, à nouveau, fait fureur au journal télévisé francophone. Mais cette fois il ne s’agit pas de l’abus d’alcool mais d’une polémique dite « antisémite ».

Des étudiants du comité de baptême de philo de L’ULg ont organisé une soirée dont le thème a provoqué l’indignation de l’Union des étudiants juifs de Belgique. Ces derniers dénoncent l’acte comme « une vision manichéenne et antisémite du conflit israélo-palestinien » ainsi qu’une stigmatisation des personnalités juives.
Le thème de la soirée était, certes, controversé : « Le Mardi on rentre à Gaza en famille ». Par ailleurs, sur l’invitation et sur l’affiche figurait une juive coiffée d'une kippa avec des yeux rouges sataniques, accompagnée de la phrase suivante : « Bleu, te voilà dans la peau d'un petit Palestinien. Le but de ta soirée est d'éviter le grand méchant Juif et de rentrer chez toi en entier si possible. »
L’organisateur de la soirée a expliqué à la RTBF qu’il s’agissait d’un clin d’œil « un peu trash » à une étudiante juive qui partait faire ses études en Israël. Néanmois, le but n’était en aucun cas de blesser ou d’insulter la communauté juive.
Même le nom du lieu « À l’aller simple » est réellement le nom d’un bar et ne fait pas allusion à la déportation. Par conséquent, les étudiants, un peu surpassés par les événements, se sont directement excusés sur les réseaux sociaux et la soirée a immédiatement été annulée. Il est vrai que le thème de la soirée n’était pas politiquement correct.
Le recteur de l’université, Albert Corhay, s’exprime sur la peine qui devrait leur être infligée : « ça va de la monition/réprimande jusqu'à l’éventuelle exclusion de l’université ».

Ce qui est surprenant dans cette histoire, c'est que nous ne sommes « pas choqués » de voir des étudiants subir les conséquences quand il s’agit de propos racistes/antisémites. Cependant, nous acceptons des propos tout aussi dégradants sortant de la bouche de nos politiciens
Pour rappel des faits, Theo Francken, notre secrétaire d’État à l’Asile et à l’immigration, n’arrête pas d’accumuler les polémiques. Après avoir participé à la fête d’anniversaire du militant nationaliste (Bob Maes) et échangé des mails concernant une réunion secrète d’extrême droite tenant des propos menaçants et homophobes, nous apprennons qu’il eut également un ton raciste sur son Facebook en 2011.
« Je peux me figurer la valeur ajoutée de la diaspora juive, chinoise et indienne mais moins celle de la diaspora marocaine, congolaise ou algérienne », dit l’homme qui va s’occuper de l’immigration de notre pays (dont 7879 Marocains et 1936 Congolais ont obtenu la nationalité belge en 2012) et cela sans tenir compte de la raison historique pour laquelle ils sont en Belgique.
Mais pas question que les propos de cet homme tombent sous le coup de la loi pénale. Des juristes expliquent que « les propos tenus par le secrétaire d’État ne constituent pas une incitation à la haine, à la discrimination ou à la violence raciale. Pour qu’il y ait dol spécial, il faut une intention, une volonté méchante, un discours qui ait une chance d’aboutir à un résultat concret. »
Il ne manquerait plus que ça !
Imaginez-vous que ces étudiants (qui n’ont pas spécialement de responsabilités politiques) risquent d’être exclus de leur université, ce qui pourrait briser leur futur. Par contre, une simple excuse suffit pour des remarques telles que « petits cons de marocains » et des propos nationalistes/homophobes d’un secrétaire d’État à l’Immigration.
Caroline Goffin