LE FLEAU DES MARIAGES PRECOCES ET FORCES
En Afrique, ce fléau sévit encore

Dans certaines régions, parmi les violences faites aux femmes, un phénomène perdure malgré la lutte des ONG et d’associations de défense des droits de l’Homme : le mariage précoce et forcé. C’est ainsi le cas dans l'extrême-nord du Cameroun, une région marginalisée et encore très ancrée dans la tradition. De nombreuses femmes y subissent cette pratique ancestrale avec de graves conséquences pour leur santé physique et mentale. Elles sont donc mariées de force et avant leurs 15 ans, l'âge minimum légal prévu par le code civil camerounais.
La pratique est conforme aux us et coutumes de la région. Et les défenseurs de la tradition ne veulent pas être contrariés. Les causes de ces mariages, à en croire la même étude, se situent à trois niveaux. D’abord, la pauvreté.
Dans la plupart des familles de cette région du pays, la fille est assimilée à un colis encombrant lorsque les conditions de vie deviennent difficiles. Il urge dès lors de s’en débarrasser en optant pour un mariage précoce, dans la plupart des cas, sans le consentement même de la maman.
Ensuite, les associations relèvent la préférence du garçon à la fille comme autre pesanteur en défaveur de cette dernière. Dans ces régions, faire un garçon est un motif d’honneur qui pousse les parents à veiller à sa scolarisation, une faveur que ne jouit pas la jeune fille stigmatisée comme née pour le mariage. A chaque fois qu’une famille fait des filles, elle est regardée d’un mauvais œil.
Troisième cause de mariages précoces au Nord Cameroun, la crainte des grossesses précoces. Si avoir une fille n’est pas déjà bon signe, ce n’est pas la voir enceinte précocement qui réjouirait. Pour éviter de se retrouver devant le fait accompli, certains parents optent donc pour les mariages précoces.
Sandrine Ngonga